SE FAIRE LA MALLE partir ; s'enfuir
Origine et définition
Selon le Robert, une malle est un "coffre destiné à contenir les effets qu'on emporte en voyage". Elle est donc, de nos jours, comparable à une valise, chose que l'on prépare avec plus ou moins d'ardeur avant de partir en voyage, qu'il soit personnel ou d'affaires.
C'est pourquoi, même si ça ne se dit plus vraiment aujourd'hui, il était tout-à-fait normal autrefois, lorsqu'on préparait un long déplacement, de "faire sa malle".
Alors en quoi
se faire la malle a-t-elle une autre signification que "faire sa malle" ?
Cette expression semble apparaître vers 1935 dans les milieux carcéraux pour signifier "s'évader".
Construite sur le même modèle que les expressions argotiques "se faire la belle" ou "se faire la paire", elle marque simplement le fait que l'évadé est, au figuré, "parti en voyage" et qu'il a donc préparé et emporté sa malle ; même si, dans la réalité, il est peu probable qu'il se soit encombré de ses effets avant de disparaître.
Compléments
On peut signaler que :
* Au XVIe siècle, "trousser en malle", c'était "enlever par surprise" (bizarrement, au XVIIe, "troussé en malle" voulait dire "mort", ce qui laisse supposer que ceux qui se faisaient "trousser en malle" subissaient en général un sort funeste)
* À la fin du XVIIe, "plier sa malle" signifiait "mourir" ("faire sa malle" voulait dire la même chose à la fin du XIXe)
* Au même moment que l'apparition de notre expression, "faire la malle à quelqu'un", c'était le quitter, l'abandonner.
Exemples
« Elle était là, dans mon bureau, secouée, plaquée, accrochée à son sac, en déluge, parce que son mari s'était fait la malle, en la laissant avec ses trois enfants. »
Geneviève Dormann -
Le bateau du courrier